Léonard Garel, l’enfant du pays

Il y a des gens curieux de tout. Ainsi certains Thourisiens, sensibles à la vie de leur commune et de son histoire, se sont demandé qui était Léonard Garel. On sait que la rue du même nom a fait l’objet d’une  rénovation. L’occasion nous a été donnée de rencontrer sa propre fille, Nicole Lucas, professeure agrégée qui demeure à Rennes et a enseigné l’Histoire. Elle nous le fait connaître.

« Mon père aurait été heureux de voir la plaque à son nom fixée sur le mur de sa maison natale ». Ainsi Léonard Garel est né à Thourie en 1913 dans la maison qui fait l’angle avec la rue de la Libération. Cependant, la naissance ne suffit pas à la reconnaissance. Ardent défenseur de l’école laÏque et républicain convaincu, Léonard Garel a aidé de ses générosités l’école de Thourie dont il a été l’élève ainsi que le camarade de classe d’un ancien maire, Henri Verron. Son instituteur n’était autre que Michel Mahé, lui aussi honoré quand il a été décidé dans les années 80 de donner des noms de rues à la commune.
Un autre personnage a marqué l’époque de Léonard Garel, car lui aussi était profondément laïc, républicain, ne faisant pas de distinction entre les convictions des uns et des autres. Il s’agit bien sûr d’Auguste Pavie.

« Homme sévère, exigeant, mais juste »

Pupille de la nation, son père étant mort à 33 ans, à la guerre 14 des suites de ses blessures, Léonard a grandi avec ses quatre sœurs auprès de leur mère née Anne Rouault. Sans doute son instituteur a-t-il eu beaucoup d’influence sur ce jeune garçon « puisqu’un jour, raconte sa fille Nicole Lucas, M. Mahé, le directeur de l’école et Mlle Salmon l’institutrice, sont venus voir ma grand-mère ».  « Vu les capacités intellectuelles et son attirance pour l’étude, votre fils doit se présenter à l’Ecole normale ». Ainsi Léonard se retrouve-t-il à l’âge de 13 ans à l’Ecole primaire supérieure (EPS) de Redon avant d’entrer trois ans plus tard à l’Ecole normale de Rennes. Une bourse pour ses études lui est octroyée. Il l’a doit à son ancien instituteur de Thourie à qui il rendra hommage lors de ses obsèques à Thourie en 1966. Son premier poste d’instituteur le conduit à Livré-sur-Changeon. Puis à l’école de la Liberté à Rennes et au collège Echange qu’il retrouvera plus tard.
A la veille de la guerre en 1939, il est nommé à Combourg, premier poste comme directeur. Avec l’appui du maire radical de l’époque et du ministre de l’Education nationale André Marie, Léonard Garel crée le collège de Combourg et son internat. Il y restera jusqu’en 1959.

« Au début ça se passait dans l’appartement et les internes se retrouvaient à la même table que leur directeur », raconte sa fille qui garde de son père le souvenir d’un « homme sévère, exigeant mais juste ». Féru de littérature et d’histoire, il revient à Rennes où il prend les fonctions de directeur du collège Echange. Un poste qu’il occupera jusqu’à sa retraite.
« L’école, c’était sa vie. Mon père avait conscience que l’école était un puissant ascenseur social ».
« Pour autant, ajoute sa fille Nicole Lucas, mon père est resté profondément attaché à sa commune de naissance, à ses amis d’école dont M. Verron et à son instituteur, M. Mahé. Il voulait être enterré à Thourie dans le caveau où repose également sa mère ». A ses obsèques en octobre 1983, le corbillard est suivi par le drapeau tricolore et les enfants de l’école. « Pour lui, ajoute sa fille, les symboles comptaient beaucoup ».

Palmes académiques et Ordre du mérite

La création d’un collège et de son internat à Combourg est l’oeuvre de Léonard Garel qui en a été l’initiateur. Au collège Echange à Rennes dont il est le directeur, il anime la fédération des Oeuvres laïques. A ces titres, il est nommé officier des Palmes académiques. L’ancien élève de Thourie est aussi chevalier dans l’Ordre national du mérite pour services rendus à l’école, notamment en direction d’enfants handicapés à la recherche d’emplois.

Outre son parcours et ses positions républicaines, Léonard Garel s’est beaucoup impliqué dans la Ligue des droits de l’homme créée au moment de l’affaire Dreyfus et dont il a été président pour l’Ille et Vilaine.